Ce qui se cache derrière notre envie de changer le monde

Nous sommes tous confrontés à nos paradoxes de vouloir à la fois réduire notre emprunte environnementale, mais aussi de continuer à vivre comme avant (ou vivre simplement). Nous sommes aussi sur toutes ces questions sous le regard accusateur de ceux qui accusent nos démarches d’être insuffisantes pour ne pas dire fausses car peu sincères (pour ne pas dire du « greenwashing »). Mais qu’est-ce qu’une démarche sincère ? Au final toute démarche trouve ses racines dans notre égoïsme … et ce n’est pas grave

Nos raisons profondes ne sont pas très louables

L’égoïsme notre vrai moteur

Quand on donne de l’argent à quelqu’un en difficulté, quand on aide son prochain, quand on console un enfant qui est en pleurs, quand on veut changer son comportement, sauver la planète … pourquoi le faisons nous ? Par altruisme, compassion, sens du devoir.

Vraiment ? L’altruisme existe-t-il ? au fond la racine de tout est très égoïste : on le fait pour nous, pour se sentir mieux, pour avoir l’impression de faire quelque chose, pour ne pas souffrir de voir l’autre pleurer, pour être « validé » par les tiers/amis/famille, pour l’estime de soi, sauver notre âme pour les plus religieux, par peur d’une sanction, etc. Nous sommes des monstres d’égoïsme au fond.

Une démarche « écolo » n’y échappe pas on le fait pour gérer nos peurs de l’avenir, donner une bonne image de nous, ne pas crever trop vite, avoir bonne conscience vis-à-vis de nos enfants !

Quand une entreprise part dans une logique de produits plus « verts » elle ne le fait pas par altruisme, mais pour mieux vendre ses produits, s’adapter aux attentes des clients, pour ne plus avoir telle association sur le dos (on reparlera plus tard des « ultras ») pour respecter une norme, pour s’acheter une image, ou pour la bonne conscience de ses dirigeants vis à vis de leurs enfants (encore eux).

On fait tous du « Greenwashing » au final. Pire on a du mal a être pour les mêmes raisons des « ultras » : on fait des compromis avec nous mêmes, tout le temps. Une entreprise cède sur une démarche écolo pour sauver son activité, nous même on va modifier nos comportements sur certains points mais pas tout … car ça semble trop dur (comprendre ça ne m’arrange pas), pas pratique, etc.

Mais les « ultras » eux mêmes (rien de péjoratif dans ce terme), qu’on admire par la force de leurs convictions en acier trempé (recyclé) tout en les craignant par leur côté sans compromis ne sont pas mieux : dans le fond, on peut les soupçonner d’être guidés par une même cause égoïste « être le plus écolo de tous », « être reconnu par ses pairs », « atteindre une forme de notoriété ».

Mais bonne nouvelle : ce n’est pas grave quand cet égoïsme sert l’intérêt général

Il y a quelques jours une ancienne ministre critiquait Air France pour vouloir mettre en place une compensation carbone systématique sur les vols à partir du 1er janvier 2020 « c’est du greenwashing » a-t-elle affirmé. C’est certainement vrai. A l’entendre la seule solution serait au final que l’entreprise se saborde … A l’entendre la seule solution serait au final que l’entreprise se saborde … Dans le même registre, on critique ceux qui changent leur véhicule pour de l’électrique car ça a un impact plus important que certains transports en commun. Oui mais celui qui prend le bus qui carbure encore diesel (mais les choses changent) fait plus de mal que celui à Vélo. Oui mais bon, si le Vélo est fabriqué en chine … Et cette critique systématique on la trouve à tous les niveaux : les flexitariens sont des faux-jetons car ils ne sont pas végétariens. etc.

Tout cela est vrai et ce n’est pas grave : il vaut mieux qu’une société comme Air France (je n’ai aucun lien au fait avec la compagnie) fasse de la compensation carbone que rien du tout. Il est illusoire d’attendre d’elle qu’elle se saborde, cela ne se réalisera jamais. Autant demander à 50% de la population de se sacrifier tant qu’on y est. Notre espèce ne peut marcher ainsi.

Dans le même registre : il vaut mieux une personne qui passe à un mode de déplacement un peu moins polluant que rien du tout. Il vaut mieux passer au solaire même si les panneaux ont un impact à la fabrication que rien du tout, etc.

De même, si un Maire prend un arrêté antipesticides, bien entendu que c’est au moins en partie pour son élection, ou soulager sa conscience en se disant « j’aurai essayé de faire quelque chose ».

Mais ne gâchons pas notre plaisir : si dans les faits cela va apporter du mieux, même si ce mieux est juste d’éveiller un peu les consciences, c’est déjà un progrès (sauf bien sur si à côté de cet effet d’annonce des actes bien pire sont commis comme une société qui au même moment va envoyer ses déchets dans un pays moins contrôlé).

Ne soyons donc pas des bisounours : apprenons à saluer les actes qui vont dans le bon sens, mêmes minimes : la politique des petits pas permet souvent d’aller plus loin que la politique du grand bond en avant ou une approche trop « rigide ». Peu importe si la raison officieuse est plus égoïste et moins noble que la raison officielle si elle ça va dans le bon sens. Mais soyons vigilants aussi, car il y a des vrais démarches inqualifiables de maquillage « vert » de vrais activités dévastatrices qu’il faut combattre.

Ne croyez pas que ce billet est à charge contre les ultras. Au contraire, ils sont indispensables tels les lanceurs d’alerte et évitent aussi de tomber dans une approche « bisounours ». Si leur jugement peut être paralysant pour certains, en s’instaurant comme gardiens du temple ils nous aident aussi a avoir juste ce qu’il faut de mauvaise conscience pour avancer.

Une vidéo pour aller plus loin

Le Youtubeur « le chat sceptique » a publié une vidéo intéressante que je vous invite à découvrir. Elle part d’exemples écologiques intéressants pour démontrer les ressorts de ce qui nous motive et comment le regard des autres peut nous bloquer ou aider a avancer. C’est en regardant celle-ci que l’idée de ce billet m’est venue.

Remarque avant le visionnage : j’ai hésité à publier cette video. Celle-ci peut en effet si on ne la visionne pas jusqu’au bout et sans une certaine « ouverture d’esprit » donner l’impression d’invalider la démarche même de ce site. Mais elle me semble au final assez bien illustrer les propos du billet. Ne vous arrêtez pas par ailleurs sur son format particulier, son auteur prend souvent des exemples en apparence naïfs de chats qui parlent entre eux pour évoquer des sujets très sérieux et assez travaillés par son auteur.

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