Croisée des chemins

La crise du COVID-19 a eu pour effet collatéral « non dommageable » de réduire drastiquement nos rejets et donc notre empreinte sur la planète. Tant mieux, dans tout drame il faut rechercher les quelques points positifs.

Et il est vrai que les imageries de diminution de la pollution dans des centres urbains, les premiers chiffres publiés sont encourageants. Seulement voilà, le déconfinement approche, et se pose la question des enseignements que nous serons en mesure de tirer de cette épreuve.

Pour beaucoup, le confinement s’est accompagné de la découverte de la visio-conférence, de la réunion à distance. Allons-nous du coup, demain assister à moins de transports inutiles dans des réunions parfois dispensables ? peut-être. Mais en réalité quelle portion de la population est vraiment concernée par des réunions qui n’ont pas lieu « in situ » sur leur lieu de travail ?

En réalité, on peut craindre que l’être humain revienne à ses habitudes car tout comme on n’a pu au final admirablement bien s’adapter au changement induit par le confinement, il y a fort à parier que l’humain s’adaptera aussi très bien à sa liberté recouvrée. Ca c’est pour céder au pessimisme.

Ainsi de nombreuses voix montent au créneau pour faire part de leur crainte d’un effet boomerang où le déconfinement ferait revoir les priorités et passer en second plan les enjeux environnementaux. Le Medef, le 3 avril a semble-t-il demandé que la sortie de crise s’accompagne d’un moratoire sur la préparation de nouvelles dispositions énergétiques et environnementales.

C’est un fait qu’au regard du sinistre attendu sur l’économie de cette crise du Covid, on peut craindre que la guerre entre développement et enjeux environnementaux reprennent. Pour autant ce sont certainement plus les TPE et PME qui auront le plus souffert.

Et pourtant, les enjeux environnementaux restent quand on voit de plus près des enjeux non seulement passionnants, importants, mais qui peuvent être totalement compatibles avec une croissance verte. Du reste l’ADEME tente de le démontrer en accentuant ses efforts de soutien justement des entreprises en ces temps de confinement dans leurs démarches environnementales. C’est le pari fait aussi par les représentants de la convention citoyenne pour le climat qui veulent concilier la sortie de crise et les enjeux climatiques.

Le communiqué de la convention citoyenne (que l’on peut difficilement de par sa composition accuser de forme de parisianisme ou corporatisme, toutes les tendances y sont représentées) est du reste des plus intéressant :

Alors que la remise définitive de nos travaux est différée par la crise sanitaire, et alors même que certains d’entre nous sont en première ligne, nous avons jugé important de nous exprimer dès aujourd’hui […] la crise que nous traversons n’est apparemment pas sans lien avec le dérèglement climatique et la dégradation de l’environnement. […]

Nous souhaitons que la sortie de crise qui s’organise sous l’impulsion des pouvoirs publics ne soit pas réalisée au détriment du climat, de l’humain et de la biodiversité.

Nous demandons de ne pas reproduire les erreurs passées. Il faut absolument éviter les écueils de la crise de 2008 dont la relance a donné lieu, notamment, à des investissements dans les énergies fossiles et les industries néfastes à l’environnement. La situation inédite que nous subissons aujourd’hui nous oblige à réfléchir, au contraire, à la manière de lier économie et environnement.

Extrait du communiqué de presse de la convention citoyenne

Si l’on devait faire un pari, les plus anciens se souviendront des grandes épidémies comme la peste (oui bon, là j’exagère je doute que quelqu’un s’en souvienne, mais les historiens sont là pour ça et je vous invite d’ailleurs à regarder cette vidéo de Nota Bene ainsi qu’à lire cet article). On tend à considérer semble-t-il que cette crise sanitaire majeure a pu ouvrir la voie a certains aspects du développement qui a conduit à la renaissance. Parions que la crise du COVID-19 pourrait ouvrir la voie à la « renaissance environnementale ».