Encore des avancées vers la fusion nucléaire

C’est peu dire que la voie du nucléaire comme solution d’avenir fait l’objet de débats intenses. Solution d’avenir pour certains, solution de transition pour d’autres ou à fuir pour un dernier camp. Indépendamment de ce débat sensible force est de constater que ces derniers temps le nucléaire est revenu dans les débats sur l’avenir énergétique de la planète.

Le retour du nucléaire au coeur des débats sur notre avenir

Dans les précédentes décennies on n’osait guère plus aborder la question du Nucléaire. Une publicité comme celles d’EDF prônant le nucléaire dans les années 80-90 (qui se souvient de cette publicité sur la perceuse nucléaire ? ). Mais la réalité de la situation climatique de notre planète a réintroduit cette énergie dans les débats.

Les tensions autour du nucléaire sont bien entendu liées aux catastrophes marquantes connues dans cette industrie et à l’assimilation qu’on fait parfois avec le nucléaire militaire, etc. Il ne faut pas nier non plus les difficultés à gérer le démantèlement des centrales … qui conduisent aussi à s’interroger sur les problèmes qui seront à surmonter demain en fin de vie des centrales.

Mais il serait tout aussi erroné d’occulter les dangers des productions d’énergie actuelles au charbon et matières fossiles qui se sont révélées, sur la durée, bien dangereuses pour l’humanité (pollution de l’air, effets du bouleversement climatique, etc.).

Nous ne rentrerons pas plus dans ce débat et ne faisons qu’un seul constat : c’est une énergie neutre en carbone au stade de sa production et donc sans doute adaptée face aux défis immédiats de notre temps, ce qui explique que la commission européenne ou même le Japon — bien que meurtri plusieurs fois par l’atome — approuvent le recours à cette solution …

Mais à l’évidence il ne faut pas nier aussi ses dangers et surtout ne pas occulter les progrès à faire sur le terrain des énergies renouvelables d’une part … sur les nécessaires évolutions du nucléaire d’autre part car justement il y a nucléaire … et nucléaire !

Fusion ou fission ?

Rappelons que la production nucléaire aujourd’hui s’appuie sur la fission nucléaire : pour se faire — en simplifiant — on provoque à partir de matière fissile (Uranium, … des ressources donc limitées aussi) une réaction d’éclatement d’atomes pour produire l’énergie.

Dans la fusion au contraire l’énergie est produite à partir de la fusion d’atomes … comme le fait notre soleil. La fusion a de nombreux avantages théoriques : la réaction est mieux maîtrisée (puisqu’à la différence de la fission l’enjeu n’est pas de contenir la réaction mais au contraire de réussir à la maintenir), l’énergie produite est plus importante et elle ne produit pas de déchets dangereux. Enfin, elle repose sur une ressource moins limitée puisqu’une des solutions serait d’utiliser de l’eau de mer.

Comme nous l’évoquions déjà dans un précédent article, futura-sciences a fait un article très clair sur ces différences entre fission nucléaire et fusion.

Des avancées prométeuses sur le terrain de la fusion nucléaire

Pour l’instant la fusion n’est qu’au stade expérimental. La France avec 34 autres nations sont dans la course avec le projet ITER qui devrait entrer en service en 2025.

Mais récemment c’est du côté chinois qu’il y a eu des avancées majeures. Ainsi, la Chine a mis en place 6 réacteurs expérimentaux. Récemment, la Chine a pu maintenir du plasma en fusion de plusieurs de dizaines de millions de degrés pendant plus de 17 minutes, alors qu’il y a encore quelques mois on se félicitait de réussir à maintenir des réactions pendant une centaine de secondes seulement.

En parallèle de nombreuses avancées majeures ont été annoncées ces dernières années sur les technologies nécessaires à la fusion, dont la conception des électro-aimants permettant de créer les champs magnétiques nécessaires pour créer la réaction (voir ici par exemple).

Un nouvel Eldorado ?

Relevons néanmoins que les estimations conduisent à une production par fusion à l’échelle opérationnelle pour 2050 ce qui conduit nécessairement à s’interroger sur les solutions de transition a mettre en place avant pour atteindre nos objectifs d’une énergie neutre en carbone.

C’est ainsi que de nombreux acteurs prônent un avenir basé sur un mix énergétique basé sur les énergies renouvelables, la fission comme au minimum une transition (sans forcément développer de nouvelles unités) et la fusion à terme. Bertrand Piccard, dans son dernier ouvrage (nous reviendrons sur ce livre que nous recommandons) fait du reste la différence en évoquant un futur sans la « fission nucléaire » (le choix des mots à sans doute son importance). Jean-Marc Jancovici rappelle également régulièrement que le nucléaire est sans doute une solution dont on ne peut se passer au regard des enjeux.

Il existe souvent un bon indicateur « humain » pour indiquer que la fusion a un avenir : lorsque des industriels privés commencent à s’intéresser à une technologie c’est que celle-ci est perçue comme viable à terme … en rappelant que les grands industriels un peu visionnaires ne sont pas sur une échelle de l’actionnaire qui veut un retour sur investissement rapide … (ou de l’élu en campagne qui a besoin de réalisations à l’échelle d’un mandat) : ils n’hésitent pas a investir dans des stratégies qui ne seront rentables que dans plusieurs décennies.

Ce n’est pas un hasard si l’espace attire des industriels, on y reviendra dans une prochaine video et un futur billet : nombre d’acteurs y voient un futur économique avec des ressources à extraire des asteroïdes.

Ce n’est pas un hasard non plus si des entreprises privées s’intéressent de plus en plus à la fusion. De nombreuses entreprises du secteur se sont engagées dans le marché depuis des années. En plus de 10 ans le nombre d’acteurs de la fusion a été multiplié par 4 avec de plus en plus derrière des moyens conséquents et l’appui de personnalités comme Jeff Bezos, Bill Gates, Elon Musk, etc (voir ici et ici).

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