L’Etat Français décline ses engagements énergétiques sur les prochaines années [actualisé]

L’Etat Français a ce matin fixé par décret ses objectifs en matière énergétique pour les prochaines années via le décret n°2020-456 du 21 avril 2020 relatif à la programmation pluriannuelle de l’énergie couvrant à la fois la production énergétique et les engagements en matière de mobilité.

Les engagements énergétiques de la France : continuer à réduire la part d’énergies fossiles

Continuer à réduire le recours aux énergies fossiles … dans un contexte d’un mix énergétique qui en réalité à déjà peu recours à ces énergies

Via le premier décret (le n°2020-456) l’Etat Français s’engage sur une réduction comme suit du recours aux énergies fossiles entre 2023 et 2028 pour sa production d’électricité : 

  • pour le gaz naturel : – 10 % en 2023 et – 22 % en 2028 ;
  • pour le pétrole : – 19 % en 2023 et – 34 % en 2028 ;
  • pour le charbon : – 66 % en 2023 et – 80 % en 2028.

Relevons qu’il faut bien entendu remettre en perspective ces pourcentages.

En effet, sur le mix énergétique de notre pays : le nucléaire représente 70,6% de la production énergétique, les énergies renouvelables (EnR dont bioénergies) déjà 21,5%. Dès lors, les « efforts » que représentent ces diminutions en réalité portent sur un parc énergétique déjà réduit en ce qui concerne les énergies fossiles qui s’élèvent à un peu moins de 7,9% de notre mix énergétique (et qui se réduit déjà d’années en années de près de 1% chaque an sur les dernières années. Voir par exemple : cette précédente analyse et surtout le rapport de RTE du bilan électrique de 2019). 

Ne gâchons pas notre plaisir pour autant : car ce sont parfois les derniers efforts les plus durs.

L’effort engagé a aussi pour objectif de réduire la consommation finale en électricité par rapport à 2012 de – 7,5 % en 2023 et de – 16,5 % en 2028.

Le décret par ailleurs (qui ne fixe pour partie que des objectifs, mais toute décision administrative contraire pourrait donc être contestée si elle viole ces orientations) s’accompagne de mesures elles contraignantes : ainsi il ne sera plus possible délivrer de nouvelle autorisation pour des installations de production exclusives d’électricité à partir de combustibles fossiles dépassant une certaine puissance.

Augmenter la part d’EnR en substitution aux énergies fossiles

Le décret fixe des objectifs en augmentant la part d’EnR. L’accent est donné en priorité à l’Eolien et photovoltaïque en fixant des fourchettes basses / hautes. La stratégie est bien en réalité de substituer aux énergies fossiles des énergies renouvelables :

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Sur le volet hydroélectrique, l’évolution ne sera pas véritablement quantitative (on est plus dans le domaine de l’optimisation de l’existant) en revanche, un accent va être donné sur le stockage.

Le décret fixe aussi des objectifs de développement des réseaux de chaleur et de froid renouvelables (article 4 du décret)

Actualisation du 28 avril 2020 : l’excellent site Novethic relève par ailleurs certains aspects de cette feuille de route de l’Etat. Ainsi, la feuille de route conduira à employer les EnR en substitution des énergies fossiles dont la baisse est prévue mais aussi à réduire la part du nucléaire à 50 % dans le mix électrique d’ici 2035. Sur cette période, on devrait assister à une fermeture de 14 réacteurs (engagée déjà avec l’arrêt d’un premier réacteur), sans fermeture pour autant de sites (hors Fessinheim) en tant que tels (les sites ayant des âges de réacteur distincts). La PPE ouvre par ailleurs la voie à la construction de six nouveaux EPR.

Des objectifs en terme de mobilité

Le décret fixe enfin des objectifs en terme de mobilité propre en fixant à la fois des objectifs de parc roulant (véhicules électriques, hybrides, etc.) :

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On le voit en terme de mobilité les projections en terme de parc roulant sont assez ambitieux, ceci dit rappelons que le parc roulant en 2019 en France s’élevait à 39,9 millions de véhicules. Ainsi avec 1,351 million de véhicules en 2023 et 5,365 millions de véhicules en 2028, si la croissance est importante on resterait encore dans ces projections sur un parc s’appuyant largement sur les énergies fossiles.

Mais on le sait l’enjeu sur la mobilité est aussi de penser les alternatives à la voiture (en rappelant qu’en France, compte tenu du mix énergétique justement les transports constituent le principal poste à travailler sur la réduction de nos rejets en CO2)..

Le décret fixe aussi des objectifs en terme de points de charge et de biocarburants (à destination donc justement du parc de véhicules thermiques qui restera dans la décennie à venir donc très largement majoritaire).