Connaissez-vous la phytoextraction ?

Non la phytoextraction n’est pas une nouvelle médecine douce (quoique … il s’agit tout de même de guérir de certains maux si on y réfléhit). Selon wikipédia, il s’agit « (d’)une des méthodes de phytoremédiation qui utilise des plantes absorbant et concentrant dans leurs parties aériennes les polluants contenus dans le sol (souvent des Éléments-traces métalliques : ETM) ». En d’autres termes, pour reprendre actu-environnement, ce terme « Désigne l’utilisation de plantes pour l’extraction de polluants (tels que les métaux) de l’environnement (en particulier du sol). Quand les plantes sont saturées en polluants, elles sont récoltées. »

Répondre à la problématique des sites, sols, cours d’eau, air pollués

La phytoextraction est donc une approche pour lutter contre les pollutions des sites, sols, cours d’eau liées principalement à nos activités humaines qui ont (trop) souvent laissé des métaux lourds et autres substances toxiques, parfois radioactive. La notion de métaux lourds qui était employée est abandonnée au profit de la notion d’ETM). Il s’agit par exemple des pollutions au plomb, mercure, arsenic, etc.

Plutôt que de lutter contre ces pollutions par des solutions radicales mais finalement assez dommageables (comme l’extraction de la terre et son stockage), ou la sanctuarisation d’espaces (espaces neutralisés, plus utilisés, …). L’approche ici consistera a chercher des plantes qui auront la capacité d’extraire dans leur croissance lesdits ETM, adaptées donc à ce type de pollution.

La solution peut sembler lente — car dépendante de la croissance des plantes — mais s’avère donc consommatrice surtout de patience, mais est durable, permet de n’extraire au final que la pollution et en concentrant les substances peut même, qui sait, apporter des débouchées autres de réemploi de certaines substances. On parle ainsi aussi de « phytominage ».

Elle aussi prometteuse dans la mesure où nous ne connaissons que depuis peu les propriétés en la matière de certaines plantes (c’est ainsi que les propriétés d’extraction du nickel d’une plante, le Rinorea noccolofera, n’ont été découvertes qu’en 2014, photo ci-contre). Mais on commence à aboutir peu à peu à un tableau « miroir » au tableau périodique des éléments : à chaque substance, sa plante.

L’avoine (photo en tête de ce billet, source wikicommons) par exemple permet de récolter du cadmium.

Des mises en œuvre déjà dans les territoires

Cette approche n’est pas une fantaisie et est bien le fruit d’une démarche scientifique, technique qui connait déjà des applications. Elle ouvre aussi des perspectives dans une logique d’économie verte.

Des applications dans le monde agricole

C’est ce que propose par exemple la jeune société Biomede en France auprès du monde agricole. La revue « La France Agricole« , évoquait dans un article sur la technique de cette société. Les sols sont analysés pour faire un diagnostic des pollutions. Des types de plantes adaptées aux pollutions décelées sont semées, puis les « Les plantes sont ensuite récoltées et revalorisées en cosmétique ou pharmacologie. Un travail est mené pour que ces plantes à forte teneur en cuivre soient directement réutilisées pour produire des fongicides naturels, pour en faire un cycle plus ou moins fermé. »

Des applications dans le monde urbain

En 2019, l’INERIS (un établissement public) a conduit une étude sur les développements des phytotechnologies, notamment dans le cadre de reconversion de friches industrielles en s’appuyant sur le suivi assuré par l’institut depuis plus de 10 années sur ces questions. Selon l’institut, comme toute solution elle a ses avantages et ses inconvénients, comme toujours à chaque situation sa solution. Mais, en synthèse « Cette étude a confirmé l’applicabilité des phytotechnologies en tant que technique de gestion des sols pollués, dans le cas d’une contamination métallique diffuse des sols sur une grande superficie, et ce sans rencontrer de difficulté particulière. » et apporte des exemples d’applications très concrètes au-delà de la réhabilitation des sols : le long des voies par exemple.

L’université de Montréal a quant à elle suivi pendant 4 années les travaux de décontamination de la ville et a fait une video très intéressante expliquant le processus et les résultats sur le site.

Au-delà de la phytoextraction, la reconquête des terres

Si on élargit le spectre l’usage des techniques (identification du sol, plantation) connait un succès aussi pour reconquérir des terres stériles. Ainsi, dans la vallée de la chimie (Métropole Lyonnaise), des dizaines d’hectares étaient limités et stériles. C’est ainsi que le Grand Lyon (aujourd’hui la métropole) avait décidé d’y produire des végétaux qui aurait pour effet de produire par ailleurs de la biomasse pour alimenter les chaufferies et recréer des cycles naturels sur ces terres.

C’est également l’objet des chantiers menés sur la confluence par la SPL Lyon Confluence qui permet ainsi de reconquérir des terres urbaines et recréer des espaces naturels (nous vous recommandons au passage le visionnage de la vidéo sur ce lien).

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