Retour d’expérience : 1 année en véhicule électrique. Le point sur le choix de cette technologie de véhicule.

Voici de cela plus d’une année, en décembre 2018 pour une livraison en mars 2019, nous décidions de franchir le pas de l’électrique. Ce choix n’a pas été facile, de nombreuses questions se posaient. Nous ne parlerons pas ou peu ici d’une marque en particulier, il s’agit plus de faire état d’un retour d’expérience sur l’usage d’un véhicule électrique et les nombreuses questions qui ont pu se poser.

Retour sur le passage d’un véhicule thermique ou hybride vers un véhicule tout électrique

Comme second véhicule ou véhicule principal ?

Beaucoup de personnes s’interrogent sur la facilité de passer d’un véhicule thermique ou hybride à électrique, pensant que l’électrique est plus un second véhicule qu’un véhicule principal. Ca dépendra des usages et en réalité aussi des marques (certains constructeurs ayant leur propre infrastructure de recharge rapide qui change la donne, comme Tesla) et aussi du lieu de circulation : les territoires ne sont pas à ce jour égaux devant le déploiement des bornes publiques de recharge et ça dépend largement du volontarisme local (on peut s’appuyer utilement sur le site chargemap pour connaitre les points de recharges).

Dans notre cas, le véhicule électrique n’a pas été une difficulté. Dans un premier temps nous envisagions de garder notre hybride par sécurité et passer au véhicule électrique en parallèle, et abandonner l’hybride que si l’électrique peut devenir un véhicule principal.

Mais la réalité bien plus simple : il n’était pas économiquement viable ni raisonnable dans notre cas de disposer de deux véhicules en habitant sur Paris (mais avec un usage qui n’est pas que parisien, beaucoup de déplacement moyenne-longue distance). Nous avons donc fait reprendre l’ancien véhicule.

Notre véhicule a pu remplacer le véhicule principal, mais le vécu pourra être différent selon le constructeur et type de véhicule

On va ensuite être honnête, notre véhicule est l’entrée de gamme de Tesla, une Model 3. Cette précision est importante car on se place ici chez un constructeur qui a la spécificité d’avoir des batteries avec une bonne autonomie (pas loin de ce qu’on a observé de 600km en cycle urbain-péri-urbain, 500km en cycle mixte, 400-450km sur autoroute) et dispose de ses propres chargeurs rendant les trajets moins complexes sur de longue distances. Ce qui suit est donc notre retour d’expérience et il est vrai que le réseau public ou tiers pour les trajets longue distance à ce jour n’est pas au même niveau d’une part et tous les constructeurs n’ont pas forcément la même maitrise.

Autre précision : économiquement nous avons fait le pari que l’acquisition de ce véhicule ne devait pas couter plus cher qu’un véhicule thermique. Aussi nous avons tablé sur une usure moindre (les véhicules électriques n’ont que les pneus, freins, essuie-glace à changer périodiquement avec donc moins d’entretien qu’un véhicule thermique) une durée de vie plus élevée pour avoir une charge mensuelle identique à celle qu’on payait avec notre Prius.

A ce jour nous avons — malgré le confinement — en 1 année de route roulé 25 000 km avec une partie cycle urbain en Ile-de-France, de nombreuses traversées de la France pendant les vacances et des aller-retour de plusieurs centaines de km dans la journée pour le travail.

Ce qui suit relate un peu nos craintes et doutes qui ont été largement levées.

Entre idées reçues et réelles incertitudes, le point sous forme de FAQ

Avant de prendre le volant d’une électrique plusieurs questions se sont posées et nous ont conduit à parfois hésiter pour revenir sur la solution hybride. Les questions étaient les mêmes que chacun :

1. Le véhicule électrique n’est-il pas finalement limité à un cycle urbain et plus au final un second véhicule ?

Notre crainte était en effet que le véhicule électrique au final ne soit que pour les cycles urbains.

Finalement non et habitant sur Paris sans parking propre, au final dans notre cas il était parfois plus simple de faire des longs trajets avec des arrêts à des chargeurs rapides en même temps qu’une pause déjeuner, café, hygiène, etc. qui ne prenaient pas plus de temps que lors de l’arrêt en station d’autoroute auparavant pour se ravitailler et souffler.

Au final nous avons régulièrement dans la journée fait plusieurs centaines de km. Ainsi un trajet Paris – Brest ne prend pas vraiment plus de temps qu’en thermique si l’on respecte les pauses toutes les 2-3 heures (inévitable de toutes façons avec les enfants …). Ainsi pour un tel trajet nous nous retrouvons à faire souvent 2 pauses de 20-30mn permettant de souffler et recharger. Une différence avec le thermique est qu’on n’est plus dans la logique « je vide le réservoir et refait le plein », en électrique on est plus dans une logique « si je m’arrête je recharge pour garder une batterie entre 20% et 70% », on « picore » en quelque sorte.

Nous avons pu aller jusqu’à un trajet de 1000km dans la journée sans problèmes. Voici en guise d’exemple ce que propose le logiciel en ligne « abetterrouteplanner » pour planifier un itinéraire avec les temps de recharge : un trajet marseille <> Paris prendre 8h30 dont 3 recharges rapides ne dépassant pas 30mn : juste ce qu’il faut pour souffler, manger un morceau et éviter de jeter par dessus bord un môme.

2. Quand on a un appartement n’est-ce pas finalement un peu trop compliqué pour se recharger ?

C’était aussi notre crainte. En effet dans un premier temps, sur Paris, nous nous retrouvions obligés de chercher un point de recharge et donc « provoquer » la recharge. On craignait que cela ne soit difficile.

Mais les infrastructures existent et sont suffisantes. Mais cela suppose en effet de « penser » à la recharge. Dans mon cas ayant des trajets en train, je laissais souvent le véhicule en charge à la gare et récupérait la voiture chargée à mon retour en fin de journée (depuis, je dispose d’une charge sur mon lieu de travail et n’ai plus vraiment besoin des charges publiques). Après le réseau de la ville de Paris « Belib » est assez bien développé si l’on fait abstraction de quelques d’incivilités qui conduisent a ne pas y avoir toujours accès.

Pour ceux qui ont un lieu de stationnement propre c’est un régal : il est possible de se recharger directement sur une simple prise électrique et une bonne recharge la nuit souvent suffit à recharger la batterie. Autrement dit beaucoup de personnes avec un lieu de stationnement dédié se branchent en arrivant, se débranchent en partant et finalement n’ont à recharger sur un espace public que très rarement : avoir un véhicule toujours chargé sans plus avoir à passer à la pompe au final c’est un gain de temps.

3. Parlons des batteries, leur fabrication ou élimination n’est-t-elle pas polluante et donc au final pire que le thermique ?

Je ne suis pas un pro en la matière. Mais c’était en effet une question importante : le choix d’un véhicule électrique résultait dans notre cas en effet aussi d’un choix environnemental. Certes le meilleur véhicule est celui qu’on n’achète pas et dont on n’aura pas besoin : comprendre prendre les transports en commun. Le vélo bien entendu est un tr!s bon choix aussi en urbain. Mais ce n’est pas toujours possible pour le travail comme à titre personnel.

Mais des bonnes solutions sont parfois des mauvaises solutions et de nombreux articles ont émergé contre les véhicules électriques. Mais force est de constater en premier que l’Ademe dont le sérieux n’est pas à démontrer est plutôt favorable. De même la WWF (via son application WAG) même si à juste titre ils questionnent « avez vous besoin d’un véhicule ». Bien entendu le constructeur n’est pas en reste mais là on peut toujours craindre une information moins objective. Mais comme le relèvent aussi les acteurs : même un véhicule électrique a des impacts liés à sa fabrication et la production d’énergie.

On peut à cet effet consulter cet article très bien fait. Relevons aussi que les batteries en réalité de plus en plus sont recyclables d’une part et ont une seconde vie. Ainsi par exemple Tesla fait du réemploi de batteries, les anciennes batteries étant déconditionnées et réemployées dans des powerwall ou grandes centrales (grandes batteries destinées au stockage, notamment des énergies renouvelables).

Mais je recommande aussi cette excellente video de « Choucroute Garage » (oui on est en Alsace je crois) qui a fait un gros travail pédagogique sur les batteries, merci à lui (sa chaine comporte de nombreuses autres vidéos notamment sur la capacité du réseau à absorber les véhicules électriques, la recharge, etc.) :

4. Et l’autonomie ? la durée de vie des batteries, on en parle ?

Les batteries sont souvent garanties pour une durée de vie plus longue que la garantie normale (8 ans chez Tesla par exemple). Mais surtout les retours montrent qu’après une dégradation normale, les batteries se stabilisent et perdent peu. Un propriétaire d’une « Model S » a ainsi pu dépasser le million de kilomètres. Et de nombreuses autres données sont assez encourageantes sur la durée de vie des batteries.

5. Oui mais bon ça doit être mou comme véhicule ?

Que l’on soit en Zoé ou Tesla, les utilisateurs de véhicules électriques sont unanimes : ce n’est pas mou. Alors certes certains ne ressentiront pas le bruit et vibration du moteur qui peut faire vibrer certains, mais il suffit de regarder les spécificités des véhicules — quelle que soit la marque — pour voir que ce n’est pas le point faible. Oubliez l’image de la voiture de golf.

8. Alors est-ce la solution pour une mobilité durable ?

Il y a de nombreux débats bien entendu. Il serait erroné de croire que le véhicule électrique est un véhicule vert pour la bonne raison que ça n’existe pas. Même fabriquer un vélo a un impact environnemental (mais certes très très faible en comparaison).

Et si on peut se passer d’une voiture en faveur de solutions collectives c’est évidemment mieux. Mais à notre sens la voiture électrique est « un moindre mal » pour peu qu’on soit en sus dans une logique de ne pas en changer tous les 4 matins : car plus on roulera avec le même véhicule plus son impact environnemental se réduira au km parcouru puisque l’essentiel de l’impact environnemental du véhicule se fait à sa fabrication.

Mais à l’époque ou le pétrole diminue, ou la priorité reste dans l’immédiat de lutter contre le réchauffement climatique, où les villes ont un défi à relever sur la pollution atmosphérique, la mobilité électrique à un sens et est certainement plus pertinente que la solution thermique.

Mais c’est à chacun de regarder avant tout en fonction de ses usages et besoins, ses moyens, l’accès à des moyens de recharge, etc.